Reportage sur la Guadeloupe (avril 2015)

Dossier Sargasse

Algue brune (Sargassum) signifie Varech

J’évoquerai deux espèces qui impactent l’environnement.

 

1- La Sargassum muticum d’origine japonaise reste accrochée aux roches côtières.

Elle fut importée en Europe occidentale (1960) pour sauver les huitres portugaises menacées d’extinction. L'opération se termina par un échec.

Introduite avec l’huitres japonaises en Irlande et au Royaume-unis, l'algue élargit son territoire.

Conséquence : elle est invasive et élimine la flore aquatique endémique. Sa tolérance aux variations de la température, de la salinité de l'eau et son mode de reproduction sont remarquables et efficaces.

 

2- L’autre variété est flottante et dérivante (Sargassum fluitans et ou natans), provenant de la mer des Sargasses située en Atlantique nord. Ces algues envahissent les côtes des petites Antilles dés 2011. La récurrence du phénomène, et son ampleur inquiètent les autorités locales pour le futur.

Elles continuent à grandir et se reproduisent entre elles en pleine mer dans des eaux entre 20 et 32°C.

Elle n'est pas invasive d'après la conclusion de Jean-Philippe Maréchal Directeur de l'OMMM (voir lien). 

L'importance des nappes de Sargassum fluitans échouées sur les littoraux peuvent contrarier des variétés côtières (faune et flore). Sont responsables l'hydrogène sulfuré dégagé par la décomposition et l'appauvrissement en oxygène des eaux occasionné.

Cette algue n'est pas toxique au touché, mais les amas à la dérive peuvent héberger une faune urticante et venimeuse (planctons, méduses et poissons lion). La baignade est déconseillée dans ces accumulations.

Quels sont ses autres effets :

- Economie : gêne du traffic maritime, de la pêche et des infrastructures touristiques. Habitats contrariés.

- Sanitaire : troubles respiratoires sur une longue période d'exposition.

- Ecosystème : asphyxie de la faune (crustacés, mollusques et poissons de roche). Perturbation de la sauvegarde des tortues sur site.

Quelles seraient les causes ?

- D’une part le NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) validerait l’hypothèse du réchauffement climatique (voir lien). L’impact modifiant l’influence des courants majeurs comme le Gulf Stream (voir lien source Ifremer).

- D’autre part le Parc Naturel de la Guadeloupe (voir lien) évoque la destruction massive des mangroves en Amérique latine (Brésil/Guatémala) qui étaient, jusqu’alors, les lieux qui permettaient aux limons des fleuves d’apporter les éléments vitaux pour la flore côtière qui retenaient la progression de ces algues. 

 

Les solutions à cours terme :

- Ramassage par tractopelles à terre et en mer par chalutiers.

- Entreposage hors site.

- Incinération en four solaire pour transformation.

- Pause de capteurs de mesures permettant de mesurer la dangerosité sur les sites exposés 


Les solutions à moyen terme (si phénomène récurrent):

- Trouver le fonds pour financer des navires conçus pour collecter et pomper les algues (exemple : OLMIX, budget 600Keuros) si valorisation des bienfaits ce cette algue.

 

Les solutions à long terme :

- La conférence sur les climats aura lieu à Paris fin 2015. Il pourrait être judicieux d'inscrire un suivi sur la causalité et les effets qui modifient les courants marins, véritables régulateurs des climats. En Atlantique Nord, la particularité mécanique du Vortex des vents et des courants chauds du Gulf Stream (Gyre océanique), entourant la mer des Sargasses qui se comporte comme un lac d'eau froide à forte salinité en plein océan, charrient algues, détritus polluants.

En 2014 et toujours en cours, des expéditions nommées 7e continent, ont pour but de cartographier, analyser et délivrer un résultat informatif et scientifique, (voir lien). Connaitre précisément le processus complexe de la dérive des déchets plastiques, particules et hydrocarbures qui polluent.

 

Algues Sargasses au bout de la baie de Galway en Irlande
Extrême pointe de la baie de Galway en Irlande

Baie de Galway en Irlande

Algue Sargassum muticum

Introduite avec les huitres japonaises, elle a tendance à supplanter les espèces d’algues indigènes.

Nappe d'algues Sargasses à l'embouchure du bras de mer à la Porte d'Enfer en Guadeloupe
Entrée de la Porte d'Enfer en Guadeloupe

Coté Atlantique Nord Grande-Terre en Guadeloupe.

Algue Sargassum fluitans

Nappe et apport régulier à l’entrée de la Porte d’Enfer avant de s’échouer au bout du chenal sur la plage.

Amas d'algues Sargasses sur la plage de la Porte d'Enfer à la Guadeloupe
Porte d'Enfer en Guadeloupe

Toute baignade est déconseillée. L’odeur est nauséabonde. Un tracteur vers la sortie à gauche est là pour témoigner des interventions nécessaires pour extraire les tonnes qui s’accumulent. Locaux et touristes ont déserté ce lieu au grand désespoir du restaurant local.

La houle se forme, l’amas d’algues flottantes à l’embouchure ne va pas tarder à rentrer dans les terres pour s’échouer sur les rivages.

Amas d'algues Sargasses sur la plage de la Porte d'Enfer à la Guadeloupe
Porte d'Enfer en Guadeloupe

Une vague récente s’est échouée sur la plage. L’accumulation devient problématique

baigneurs dans le bassin naturel et la mer des Caraïbe à Bouillante en Guadeloupe
Bassin naturel de Bouillant en Guadeloupe

Sur la côte Caraïbe, à Bouillante, l’algue est aussi présente.

Chacun, enfin presque, y met du sien pour extraire la Sargasse qui s’échoue par vague successive dans le bassin d’eau chaude. Trop peu de gens participent à l'effort, d’après un guadeloupéen présent ce jour là, il nous remercie pour notre aide.

Cette piscine naturelle est alimentée par la résurgence d’une source thermale sulfurée provenant du volcan la Soufrière et est refroidie par la mer.

Ce lieu est entretenu et fréquenté par les habitants. Les touristes de passage peuvent y accéder librement. Il est encore ouvert et gratuit en 2015, mais d’après les rumeurs le lieu deviendrait payant.

C’est un endroit convivial ou tous les baigneurs peuvent échanger leurs impressions et font connaissance. L’espace est réduit et avec un peu d’attention et de bon sens il est recommandé de céder sa place à ceux qui attendent. Là aussi quelques touristes jouent la carte de l’individualisme et ne prêtent pas l’oreille à ce qu’il se passe autour d’eux..

Le Tournepierre à collier (Arenia interpres), Cet oiseau à la particularité de déplacer les pierres pour trouver sa nourriture. Là il piétine un amas d’algues Sargasses sur un îlet de Petite Terre.

Conclusion : ces algues ne sont pas une menace sanitaire au sens stricte. Mais durablement elles deviendraient dangereuses. Elles sont un des signes du dérèglement dans l'équilibre biologique sur l'Atlantique nord.

Elles peuvent, néanmoins, servir dans l’alimentation, la cosmétique et les engrais naturels et chauffage...

Pour réduire son impact environnemental, exploiter ses vertus comme commencent à le faire les chinois et les coréens serait une alternative satisfaisante.

Dans tous les cas, sa prolifération à un coût pour réduire cette invasion. Mettre à profit ces avantages créeraient des emplois et un revenu serait assuré.


L'introduction d'espèces exogènes, sans étude sérieuse préalable qui garantit la pérennité du milieu, entraîne un déséquilibre sur l'environnement et une rupture dans la chaîne alimentaire qui s'auto-régulait.


Cela ne doit pas nous faire perdre de vue que les pays doivent s'engager pour stopper tous projets qui détruisent les écosystèmes.

Dossier Mangrove

La mangrove est une végétation à de multiples effets bénéfiques pour l’environnement, pour l’habitat humain, et la faune animal sauvage.

Elle a une végétation particulière, elle est aérienne et peut atteindre plus de 8 m en son intérieur. D’autre part; elle est la seule à puiser ses ressources en milieu salin. Elle est composé de palétuviers, rouge, blanc, gris et noir, en référence à la couleur de son écorce. La mangrove maritime constituée de palétuviers rouges ne possède pas de moustiques.  A contrario, la mangrove à palétuviers noirs, gris et blancs colonise les bords de terre inondables. Elle abrite de nombreuses espèces (oiseaux, poissons, crustacés, reptiles).

 

Pour la petite histoire, le palétuvier rose n’existe que dans la chanson polissonne chantée par Pauline Carton et Bourvil.

 

Certains diront qu’elle ne sert à rien parce qu’elle est inextricable pour l’homme, bouche la vue sur le littoral et qu’elle est un foyer de maladie.

Mais au delà de son occupation géographique (gênante), nous sommes-nous posés la question sur l’utilité de sa présence ?

Aujourd’hui, la tendance moderne repousse son influence en la détruisant au profit d’habitats touristiques et de constructions pour des accès maritimes...

Pourtant, elle protège le littoral des tsunamis et des tempêtes. Elle empêche l’érosion des côtes. Elle retient les limons des fleuves et contribue à la richesse des terres environnantes. Elle est un sanctuaire protégeant des espèces menacées et utiles. 

Alors à chaque endroit où la mangrove s’éteint par la volonté humaine c’est un bouclier naturel qui disparait.

Quand l’homme se rendra-t-il compte de ses erreurs ? Une fois qu’il sera trop tard pour revenir en arrière ?


Mangrove de Port Louis à Petit Canal. Entre zone sèche et humide 


Mangrove entre Vieux-Bourg et Petit-Canal. Le canal des Rotours, ilet aux oiseaux dans Grand Cul-de-sac-marin à Nord Grande-Terre de la Guadeloupe

Le canal des Rotours entre Vieux-Bourg et Petit-Canal a été creusé au XIXème siècle (6km) pour acheminer le sucre de l'usine Blanchet au centre de la Grande-Terre. Aujourd'hui cette voie est toujours navigable et sert aux pêcheurs, aux canoés, kayacs et barque de pêcheurs. C'est un bon moyen d'aborder cette nature tranquille. Nous avons eu le plaisir de louer les services de Serge, patron de pêche, avec son bateau la Saintoise au départ du port de Vieux-Bourg. Quelque soit la durée choisie, la balade vaut largement un détour.

Juin 2016, de nouveau nous sommes allés rendre visite aux oiseaux et à leur lieu de tranquillité avec le club de plongée Antidote que je remercie pour leur gentillesse et l’amitié 

Biodiversité


Carapa ou arbre Carapate

Cette plante à graines qui, suivant son mode d'extraction, produit une huile très appréciée pour le traitement des cheveux ou comme huile de massage. Par ailleurs, l'industrie en tire l'huile de ricin.


Noni (Morinda citrifolia) est un arbre d'origine asiatique et océanique. Il est apprécié pour ses vertus énergisantes. Il aide  à combattre les maladies dégénératives et infectieuses. Il soigne aussi les plaies en application locale. Essentiellement commercialisé au USA, il fait actuellement l’objet d’études médicales pour confirmer son efficacité pharmaceutique. Les peuples anciens l'exploitaient comme remède pour un bon nombre de symptômes chroniques.

Faune


Des centaines de crabes (Uca Hapax) nichant dans un bourbier de zone humide de la mangrove côtière, véritable sable mouvant.


Bernard-L'hermite

Bernard-L'hermite (Conoenobita clypeatus) espèce des Antilles
Bernard-L'hermite

Huitres de mangrove à Port Louis colonisant le lit d’une petite ravine

Elles sont comestibles.


Les habitants hiérarchisent de manière pratique leur emplacement.

Les Pélicans sont lourds et louent avec les Frégates les cimes avec vue dégagée pour décollage et atterrissage.

Les hérons plus mobiles et lestes squattent le rez-de-chaussé et les côtés

Hérons Pic-Boeufs

Certains Hérons ont les yeux jaunes tandis que d'autres les ont rouges. L'iris et les pattes rouges sont des indicateurs temporaires qui signifient un désir d'accouplement. Le plumage hérissé révèle la période nuptiale


Pélicans

Ils sont des pêcheurs infatigables surtout avant la tombée de la nuit lorsque les bancs de poissons reviennent près des côtes. Ils volent en piqué pour atteindre leur proie aquatique. Ils ne reviennent jamais bredouille. Ils sont indétrônables dans la mangrove. 


Frégates

Comme les Pélicans, les Frégates chassent en piqué. Ils peuvent voler en planant très longtemps. Pour cela ils se servent des courants ascendants d’air chaud. Ils partagent avec les Pélicans, la cime des palétuviers.


Petite Sterne à tête noire sur un îlet de Petite Terre


Grenouille endémique de la Guadeloupe (Hylodes de la Martinique) est un insectivore très utile. Les concerts des mâles enchantent les nuits antillaises ou après les pluies. Sa taille oscille entre 3 à 5 cm. Elle pourrait atteindre l’âge de 7 ans. Elle occupe les espaces verts, les jardins abandonnés et les cours d’eau. Elle est menacée principalement par le déboisement et les insecticides qui l’empoisonnent par respiration cutanée. Une autre menace est à craindre, l’introduction d’une grenouille reinette X signée originaire d’Amérique du sud en 2003. Elle est une espèce invasive et peut causer la mortalité des espèces locales par la transmission de la maladie fongique (chytridiomycose). Elle est aussi la proie de nombreux prédateurs dont le Héron Pic-Boeuf mais ceux-ci sont naturels. Pour conclure : les batraciens sont des sentinelles de pollution et réchauffement climatique.


L’iguane endémique des petites Antilles est représenté sur les îlets de Petite Terre en Guadeloupe (Iguana delicatissima)

Endémique des Petites Antilles, l’espèce est menacée d’extinction à cause de l’urbanisation, du déboisement et du surpâturage du littoral...


L’Iguana iguana est une espèce exogène qui entre en compétition avec l’Iguana délicatissima. Par hybridation cette variété peut causer la perte de la biodiversité si son expansion n’est pas maîtrisée.


Raie pastenague affleurant une plage de Petite Terre